Façades du Vecteur

Réflexion structurelle et non décorative

La réflexion initiale du projet a été de considérer le pourcent artistique non pas comme la commande ou l’acquisition d’une œuvre d’art que l’on viendrait juxtaposer au bâtiment, mais comme une intervention à échelle urbaine. Il s’agit de penser un lieu qui participe à la revitalisation de la ville en liaison avec les projets architecturaux et urbanistiques en cours.

Le pourcent artistique consacré au Vecteur était l’occasion pour nous de dépasser la fonction artistique pure pour tenter la création d’un lieu urbain dédié aux croisements des disciplines artistiques. La fresque géante qui recouvre l’entièreté des façades du Vecteur, de la rue de Marcinelle jusqu’à la rue Navez, n’est pas un geste décoratif mais une réflexion structurelle sur un bâtiment à usage culturel en relation avec le quartier et ses habitants.

C’est l’ambiance de la rue qui a changé. Si avec son ancienne façade, tout le monde connaissait le Vecteur, avec la fresque, tout le monde sait maintenant où se trouve le Vecteur. C’est devenu un repère urbain du centre de Charleroi avec lequel les citoyens interagissent. Objet de curiosité pour les uns, lieu culturel de vie pour les autres, le Vecteur, avec cette façade, traduit son programme culturel intellectif mais aussi d’amusement et d’évasion.

La ville, la perspective et la guerre

C’est dans l’univers de la guerre navale et de l’art du camouflage que nous sommes allés puiser une des références majeures de la façade. Pendant la Première Guerre mondiale, les armées anglaise et américaine ont inventé une technique de camouflage pour leurs bateaux qu’elles ont appelé « Dazzle Painting ». Le but de ce camouflage, similaire au graphisme de notre façade, n’était pas de cacher mais de brouiller la distance en masquant la forme du bateau et en évitant toutes les lignes verticales qui
facilitent l’utilisation d’un télémètre. Cette technique empêchait le bateau de devenir ainsi une cible facile pour les sous-marins.

La fresque appliquée aux façades du Vecteur reprend les principes géométriques et graphiques du « Dazzle Painting » non pas pour camoufler le bâtiment mais pour modifier en permanence sa forme. A l’instar de ces bateaux, nous avons pris le parti artistique d’intervenir sur toutes les surfaces de la façade : la maçonnerie, la pierre, l’aluminium, le PVC, le bois et même le verre. Rien n’a pas été épargné. Il était indispensable que l’intervention artistique recouvre les grandes surfaces mais aussi les plus petits détails. Pour fonctionner, le projet devait être radical.

La fresque devant laquelle vous êtes passés est une intervention artistique cohérente avec le Vecteur qui est un pôle d’ouverture destiné à poser un regard à la fois neuf et accessible sur le monde de la création. Une fresque liée au Vecteur, liée à un quartier en renouvellement, liée à une ville en pleine mutation.